Voici un morphème grammatical qui est tombé en désuétude chez nous mais qui a pourtant une place capitale dans la syntaxe en Tamazight. Ce morphème grammatical à le sens de "seulement, uniquement, que...". Ce mot est pan-amazigh ont le retrouve utilisé dans différente région de Tamazgha ainsi que dans des textes anciens médiévaux, soit sous la forme "ghas" (kabylie, tamacheq...) ou "xas" (rif, moyen atlas...).
Malheureusement ce morphème est remplacé par un emprunt à l'arabe "ghar/ghir" qui a substitué "xas" ou celui ci n'est utilisé que rarement et que dans des énoncés figés. Cependant elle est toujours présente dans la mémoire des Rifains, il suffit qu'ils en reprennent conscience !
A l'heure actuel ce morphème n'est utilisé couramment que sous cette forme : "xas i = que pour" ou "xas + adverbe".
ex : xas i ntta = que pour lui
xas melmi tiligh deg spanya = uniquement quand je suis en espagne
Cependant on peut l'utiliser de la même manière que lorsqu'on utilise "ghar", mais il se trouve que ce dernier à pris le pas sur "xas".
ex : ittet xas tinifin = il ne mange que des pois, il mange seulement des pois.
Il y a aussi un autre morphème grammatical qui a le même sens mais son emploi syntaxique est différent : "waha"
ex : cek waha = que toi
id nat waha = qui hier
akid-ik waha = que avec toi
Cependant une étude complète de ces 2 morphèmes reste à faire pour savoir exactement comment doivent ils être utilisés.
Ainsi même dans la littérature en Tamazight du Rif, ce morphème n'est plus utilisé alors que généralement ces auteurs s'illustrent dans leur texte par des néologismes ou des mots empruntés à d'autre parler Amazigh mais lorsqu'il s'agit de notion de base au sujet de la syntaxe en Tamazight ceux ci font pale figure. Donc c'est un défaut qu'il faut absolument corriger, qui postule d'abord de faire une quête de notre Tamazight, afin d'avoir une idée précise de ce qui se dit ou pas, et cela sur tout les plans (grammaire, vocabulaire...) et de s'appuyer sur ce socle. Ce n'est que à la suite de ce travail préalable qu'il faut recourir aux emprunts à d'autre régions Amazigh (qui eu même devront faire ce travail de recherche sur leur parler) et en dernier lieu aux néologismes élaborés par des équipes compétentes de linguistes en Tamazight.
Voici un exemple de texte ou est utilisé "ghar" au lier de "xas" :
- Said belgharbi a écrit:
- yuse d ittvesv ghef weorur, xtuttregh s tazla jar lghaci, udaregh as ghar umezzugh sseqsigh t ghef wezyen ameggaru n tenfust mayen yeffar,
http://tawiza7.ifrance.com/TawizaPDF144/PDF/3.pdf
D'autre part j'ai constaté qu'en arabe, il y avait un verbe qui avait presque le même sens que "xas/ghas". Ce verbe est "xas'a (خَصَّ)) = être distingué particulièrement, spécialement des autres"
Il ne fait pas de doute que ces mots sont liés, ils sont sémantiquement très proche mais leur fonction sont différentes, en Tamazight elle n'a qu'une fonction grammaticale tandis qu'en arabe elle sert de verbe. En tous cas comme beaucoup d'adverbe en Tamazight ces termes ont une origine nominal ou verbal et puis ils ont connu une grammaticalisation de leur emploi, on peut avancer que ce fut aussi le cas pour "xas/ghas" qui à l'origine devait avoir le même sens et emploi qu'en arabe.
Il me semble exclu que cet adverbe fut emprunté car, comme je l'ai dit, on le retrouve utilisé au moyen age et que son emploi actuelle est pan Amazigh, il est utilisé dans des régions aussi éloigné que Arrif et Adrar Infusen (libye), donc il est certainement issue d'une racine commune de l'afro asiatique.
Il faut aussi souligner que se rapprochement permet d'affirmer que primitivement cet adverbe se prononçait "xas" et non "ghas", on retrouve cette mutation phonétique très souvent entre Arrif et d'autre régions Amazigh, exemple "xef = sur; ixef = sommet, tête ; xes = vouloir, aimer..." se dit chez les Adrar Infousen respectivement "ghef, ighef, ghes...", donc cela montre une fois de plus que Tamazight du Rif est aussi conservateur au point de vue phonétique comme on l'a vue pour le phonème "p".