De manière tout à fait inédite, la chambre criminelle près la cour d’appel d’Al Hoceima a prononcé hier, très tard dans la nuit, après une séance marathonienne qui a duré 13 heures, des peines d’acquittement à l’encontre des 40 accusés. Ces derniers, de jeunes rifains, étaient poursuivis dans le cadre de l’imposante manifestation du 20 février dans cette ville du nord du Maroc qui avait dégénéré.
Quelques petites peines de prison, deux mois ferme, et quelques amendes, ont bien été prononcées, mais personne, accusés et avocats, ne s’y est trompé. Les magistrats de la cour d’appel d’Al Hoceima avaient reçu des « instructions » de Rabat pour ne pas envenimer les choses.
Au Maroc où la justice d’abattage est la règle, ces condamnations peuvent se considérer comme des sanctions de principe. Car, on n’acquitte pas et on ne condamne pas à des peines de principe quand il y a mort d’homme. Et le 20 février, Al Hoceima a perdu 5 jeunes hommes, brûlés vifs dans une agence bancaire.
Le décès de ces jeunes avait provoqué une vague d’indignations et donné cour aux rumeurs les plus folles. Certains n’hésitant pas à écrire dans la presse on line locale que les 5 jeunes avaient été tués par la police puis placés dans l’agence bancaire pour faire croire à un accident.
Il faut espérer maintenant que dans les autres villes marocaines, où il n’y a pas eu mort d’homme, les magistrats recevront également des « instructions » pour ne pas avoir la main lourde au moment de condamner des manifestants du mouvement du 20 février.
source : demainonline.com