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 Les contes chez les Imazighen

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MessageSujet: Les contes chez les Imazighen   Les contes chez les Imazighen EmptyDim 27 Sep - 5:45

" Les Imazighen, à dit Ibn Khaldoun, racontent un si grand nombre
d'histoires que, si on se donnait la peine de les mettre par écrit, on
en remplirait des volumes."

A l'appui de son dire, il cite la légende suivante :

"
La soeur de Yala U Ahmed El Ifreni, enfanta, sans avoir eu commerce
avec un homme, un fils nommé Kelman, surnommé U Asad (fils de lion),
parce que sa mère l'avait conçu par l'effet de la bave d'une bête
féroce qui s'abreuvait dans une source d'eau chaude où elle s'était
baignée. "

Les naissances miraculeuses étaient donc un des
éléments de ces contes, et sans remonter jusqu'à Hérodote qui fait
emprunter aux Libyens par les Grecs le culte de Poseïdon et d'Athénè
Tritogenis, on trouvera dans des récits plus modernes des traits de
superstition non moins curieux.

Mohammed ben Yousof et son
abréviateur El Bekri tiennent de témoins oculaires que chez les Fadela
et les Ait Akidan (tribus Amazigh orientales, sur les confins de
l'Egypte et de la Tripolitaine) ou il n'est pas rare de voir la fille
qui a vient de naitre, se métamorphoser en ogresse et se jeter sur les
hommes jusqu'à ce qu'on la lie et la garrotte".

Les sorciers
Altier étaient également célèbres au temps d'Edrisi. Les ogres
(aouarzeniou, aurés) jouent un rôle considérable dans les contes
fantastiques Amazigh :

Tantôt on peut les considérer comme un
souvenir d'une population antérieure, ou du moins d'une race professant
un culte disparu, comme les Djohala (païens) ou les Iroumien
(chrétiens) ; tantôt ce sont des êtres purement mythologiques,
analogues aux ghoules et aux afrites des Arabes, gardiens de l'eau de
la vie, de la pomme de jeunesse et d'autres talismans. Parfois,
lorsqu'un enchantement est rompu, ils dépouillent leur peau d'ogre pour
vivre en honnêtes musulmans.

Les djinns et les fées sont aussi
fréquemment cités, mais il est difficile de faire la part de l'élément
purement Amazigh dans ces contes dont beaucoup ont été empruntés aux
Arabes.

Cependant on peut admettre, que les légendes locales,
ayant pour thèmes une montagne, une grotte et surtout une source, soit
dans le Tell, soit dans le Sahara, ont un fonds Amazigh, malgré de
nombreux traits empruntés à la mythologie musulmane.

Comme dans
toutes les littératures, les Imazighen ont des fables et des contes
d'animaux, où naturellement le chacal joue un grand rôle.
Le renard n'y parait pas, bien qu'il existe en Algérie et porte même un nom kabyle indigène.

Toutefois
le chacal, si habile qu'on le représente, ne se laisse pas dupé en
maintes circonstances, et l'on dirait que le narrateur Amazigh aime à
voir le plus rusé des animaux tomber dans les pièges que lui tendent le
coq, la perdrix ou le hérisson, car c'est double plaisir de tromper un
trompeur.

Le hérisson est l'un des principaux personnages de cette comédie des animaux, à cent actes divers.

Est-ce
le service qu'il rend en détruisant les reptiles qui lui a valu, de la
part des indigènes, la place importante qu'il occupe? Mas'oudi
(Prairies d'or, t II, p. 56-57) rapporte que pour cette raison, les
habitants du Sedjestan témoignaient au hérisson le même respect que les
gens du Yénzamah à l'irbid et les Egyptiens à l'ichneumon. Les autres
animaux ont le même caractère que dans les fables européennes :
remarquons cependant en passant, que le lièvre, comme chef les Ouolofs
et les Zoulous, a la ruse en partage. Quant aux êtres fantastiques,
griffons ('anqa) et nims appartiennent sans doute à la zoologie
fabuleuse des Arabes. Le dernier, disent les Ait Menacer est "le plus
rapide des animaux créés par Dieu : le lion le craint, et rien qu'en
entendant son nom, il commence à trembler." Cet animal fabuleux "(que
personne n'a jamais vu), tient du crocodile et du chat." En Orient, ce
nom de nims s'applique à l'ichneumon qui, dans quelques traditions
populaires, est non moins fantastiquement décrit : on lui donne la tète
d'un homme, le corps d'une bête féroce, les pieds d'un serpent, les
ailes de l'aigle et deux cornes (Legrand, Le Physiologus ch. xi).

René Basset "mythologie musulmane", 1887.
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