La cour d'appel de Casablanca a confirmé mardi la condamnation à trois ans de prison ferme prononcée en juin contre un militant associatif, Chakib Khayari, pour, notamment, "atteinte à corps constitués", a-t-on appris de source judiciaire.
Chakib Khayari, président de l'Association du Rif pour les droits de l'Homme (ARDH), a été arrêté le 17 février pour "atteinte à corps constitués", "infraction au code des changes" et "dépôt de fonds dans une banque étrangère sans l'autorisation" de l'Office des changes.
Le 24 juin, le tribunal de première instance l'a condamné à trois ans de prison ferme et à verser aux douanes marocaines des amendes de quelque 750.000 dirhams (environ 68.000 euros). Ces amendes ont également été confirmées mardi par la cour d'appel de Casablanca.
Chakib Khayari est accusé d'avoir, dans des interviews à la presse, déclaré que certaines des personnes impliquées dans un réseau de trafiquants de drogue présumés à Nador (nord du Maroc) avaient pu "accéder à des postes importants au sein d'institutions de l'Etat".
Le ministère de l'Intérieur a rétorqué que les déclarations de M. Khayari étaient "dénuées de tout fondement".
Le réseau de Nador a été démantelé par la police le 13 janvier et une centaine de personnes ont été arrêtées puis déférées devant le parquet de Casablanca.
De nombreux fonctionnaires des services de sécurité figurent parmi les prévenus. Ils sont accusés d'avoir exporté (ou aidé à exporter) plus de 30 tonnes de résine de cannabis vers la Belgique et les Pays-Bas via l'Espagne, avec la complicité présumée de gendarmes et d'éléments de la marine royale.
La date de leur procès n'a pas encore été fixée.
Les avocats du militant marocain ont souligné mardi que le compte ouvert à l'étranger par leur client -dans une banque de l'enclave espagnole de Melilla (nord du Maroc)- ne contenait que 220 euros, et non 7.500 comme l'a indiqué la police.
Dans un communiqué en date du 23 novembre, l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a pour sa part estimé que Chakib Khayari "a été emprisonné pour sa dénociation des abus".
HRW a demandé la libération du militant associatif et "encouragé le Maroc à réviser la loi qui punit de peines de prison des déclarations dites diffamatoires, insultantes ou fausses".
"De telles lois (...), a poursuivi HRW, sont incompatibles avec les engagements du Maroc au regard du droit international des droits humains qui protège la liberté d'expression".
(
AFP / 24 novembre 2009 11h56)