Nimes. Alphabétisation: mamies et mamans retournent à l'école
Autour d'un café , à deux pas du tableau noir, ça papote. « Pourquoi cette grève, hier, des maîtres d'école ? » , s'interroge une maman. Et l'animatrice de décrypter l'actualité sociale du jour. A Amaos, association fondée en 2007 et hébergée gratuitement par le CIO de Pissevin, on suit évidemment les cours d'alphabétisation. Mais pas seulement : « On apprend à parler, lire et écrire le français, à se socialiser, à devenir autonome, à sortir de chez soi », sourit Soumya Zidi-Elrhess, ancienne assistance d'éducation à Diderot et Condorcet, aux origines marocaines. « Nous sommes ouverts tous les jours, matin et après-midi. Le mercredi, nos "élèves", exclusivement féminines, viennent avec leurs enfants. »
Lesquels décident bien souvent ces mères voire ces grands-mères, âgées de 16 à 62 ans, à intégrer l'association. « Je veux pouvoir les aider à faire les devoirs », souligne une jeune trentenaire, débarquée du Rif voilà trois ans. « Pendant longtemps, lorsqu'ils ramenaient un papier de l'école, je ne comprenais pas ce qui était écrit. Dans mon pays, je n'ai appris que le berbère. » Aujourd'hui, non seulement, elle maîtrise de mieux en mieux le français, mais n'hésite pas à suivre elle-même le programme scolaire de ses trois petits, effectuant les mêmes exercices. « Ici, c'est comme une deuxième famille. Les enfants découvrent des jeux éducatifs. Et on fait des sorties tous ensemble. » Le musée de la soie en Cévennes, le Seaquarium du Grau-du-Roi, Aigues-Mortes et son église que toutes, sauf une exception, n'ont pas hésité à visiter. « Beaucoup nous disent à l'issue de ces journées : "On a appris des choses, nous ne sommes plus des ânes"... Se balader, discuter leur fournit également des sujets de conversation à mener, le soir, en famille », remarque Soumya Zidi-Elrhess, secondée par deux salariées et quatre bénévoles (tous professeurs retraités). Actuellement, quarante-trois familles de Pissevin sont épaulées par Amaos, subventionnée par la Caf, la Ddass, le conseil général, le Cucs, le Projet de réussite éducation. Et les demandes affluent quotidiennement...
source: midi-libre