Les Touaregs utilisent des alphabets dont les caractères sont appelés tafineq, mot où l'on trouve une racine FNQ que certains auteurs ont rapprochée, à tort ou à raison, du terme dont les Grecs désignaient les Phéniciens. Ces alphabets dérivent d'alphabets beaucoup plus anciens, qu'on a pris l'habitude de qualifier de « libyques » ou « libyco-berbères ». On trouve des inscriptions « libyques » dans tout le Maghreb, depuis la Libye jusqu'au Maroc et même jusqu'aux îles Canaries, parfois associées à des inscriptions puniques ou latines. La découverte à Dougga (Tunisie) de deux bilingues puniques-libyques dont la rédaction remonte au iie siècle avant J.-C. a permis le déchiffrement partiel de l'une des variantes de l'alphabet libyque. Des inscriptions marocaines sont probablement plus anciennes, mais les datations proposées sont sujettes à caution. En même temps qu'il rend compte de deux ouvrages récents, consacrés pour l'un à des inscriptions rupestres contemporaines et pour l'autre à l'évolution des écritures libyco-berbères de l'Antiquité jusqu'à nos jours, le présent article discute quelques-unes de ces hypothèses de datation, et évoque les circonstances de la première découverte des inscriptions de Dougga.
Déchiffrages. Quelques réflexions sur l'écriture libyco-berbère