Dès leur première découverte à la fin du XIXe siècle, les gravures et les inscriptions rupestres de l'Adrar des Iforas et de l'Aïr ont conduit nombre d'auteurs à soutenir la thèse d'une lointaine présence berbère dans le nord du Niger et du Mali ; les plus anciens témoins indirects de cette présence étant les représentations de char réalisées au cours des quinze derniers siècles avant l'ère chrétienne. Cette thèse pose aujourd'hui problème. La comparaison des expressions rupestres dans ces massifs avec celles de l'époque des chars connues par ailleurs sur le quart nord-ouest du continent africain et la prise en compte de la répartition, de l'étendue, de l'âge et de la nature des sites archéologiques actuellement recensés au Sahara et au Sahel, imposent plutôt l'idée d'un peuplement à composantes sociologiques multiples au sein duquel se développèrent des aristocraties guerrières dont le poids alla grandissant durant le dernier millénaire avant l'ère chrétienne. Puis aux alentours du Ve siècle apr. J.-C., alors que le dromadaire commence à être utilisé comme monture par des guerriers, l'art rupestre de l'Adrar des Iforas et de l'Aïr attestent l'avènement de nouvelles traditions culturelles affiliées à celles des Touaregs, locuteurs d'une langue berbère. Dès lors ces massifs intègrent le domaine berbère. Divers vestiges exhumés lors des fouilles archéologiques menées dans le bassin hydrographique du Niger depuis les années 1980 abondent dans ce sens.
CNRS : UMR8171 – Université Paris I - Panthéon Sorbonne – Université de Provence - Aix-Marseille I – Ecole Pratique des Hautes Etudes
Quel peuplement dans l'Adrar des Iforas (Mali) et dans l'Aïr (Niger) depuis l'apparition des chars ?