Il y a certains point qui demande un peu de clarification et des rectifications :
1- Concernant la formulation "ur d am Yakuc", il y a certainement une erreur de transcription du copiste, par ailleurs cela revient régulièrement dans le texte, c'est ce qu'on verra par la suite.
Donc la phrase correct grammaticalement serait plutôt "ur da am Yakuc = il n'y a point de semblable à Dieu". Cette tournure de phrase est toujours employé à Arrif, mais il semble que cela soit tombé en désuétude dans d'autre régions.
Donc, cela confirme que la particule "da" qui à la valeur d'un adverbe existentielle qui signifie "il y a" (ex : da aghrum = il y a du pain) faisait parti du "proto-tamazight". Mais, il signifie aussi "ici" lorsqu'il est utilisé comme adverbe locatif, comme pour d'autre adverbe qui dérive de "D+suffixe"; ex : din > la; dinni > la bas ...etc
Ensuite concernant la forme de négation "urid/ur-d = ce n'est pas" utilisé à Arrif ou chez les chleuhs, celle ci n'est pas pertinente pour expliquer cet énoncé puisque leur sens ne correspond pas et qu'ensuite le forme "urid" utilisée chez les Rifains se dit étymologiquement "ulid", voir :
La négation2- Dans la profession des Iberghawaten, al bakri rapporte que ceux ci disent "ih'an yakuc = l'unique, c'est dieu". La aussi, il y a eu une erreur de transcription et le copiste a oublié un point souscrit sous le "
ح" alors que cela doit être "
ج", ce qui aurait donné "ijen" comme cela est dit dans le Rif ou dans d'autre régions Amazigh. Donc contrairement à ce que pensait Salem Chaker cela n'a rien avoir le "iyan" utilisé chez les kabyles, les formes des lettres entre le "y" arabe et le "h' " arabe sont trop éloigné mais il est plus vraisemblable qu'il y est une omission d'un point souscrit.
3- Agharef d'après la description donné de cet endroit, c'est certainement un mot d'origine arabe qui signifie puisage, puisement >
غَرْف. Agharef sert aussi à désigner au Rif un récipient pour puiser de l'eau ou pot en générale.
4- "Tin Izamaren", l'autre hypothèse et que cela veut dire "celle qui ont pu". Ainsi cela doit se retranscrire "Tin i zamaren", avec "i" qui est une préposition relative et "zamaren" qui dérive du verbe "zmer = pouvoir".
5- "Mamet" est le nom du prophète des Iberghawaten, au Rif ce nom est toujours utilisé, c'est généralement le diminutif de "moh'amed" qu'on emploie pour les enfants, ainsi on emploie couramment "mimit".
6- Tadmekka > Ta d mekka > c'est elle la mecque/ c'est ça la mecque (dans le sens c'est à ça qu'elle ressemble). Cette syntaxe est très courante chez les Amazighs du Rif.
7- Pour "waghd" celui ci est encore utilisé dans Arrif sous la erwaghd > el waghd, la forme laisse supposé qu'elle est bien d'origine arabe.
8- Il faut rapprocher le terme "Ikammen" de "igammen = traités, contrats" donné par U Tunart dans son dictionnaire arabe-amazigh du moyen âge. Comme en arabe le phonème "G" n'existe pas alors ils ont utilisé le caractère arabe pour le phonème "K" pour retranscrire "G". Ou alors on peut supposer que c'était bien ainsi qu'il était prononcé et donc cela ne serait que le même mot prononcé différemment suivant les dialectes, comme c'est le cas encore aujourd'hui, par exemple "ak = avec" dit "ag" dans d'autre régions du Rif. Quoi qu'il en soit, on peut envisager d'autre étymologie possible pour ce mot que celle donné par Salem Chaker, "igammen" est un nom verbal au pluriel, donc son singulier est "agamem/agamm" donc la racine probable de ce mot est "GM/GMN". Ainsi par exemple en kabyle on trouve "egmem" qui signifie "ramasser, recueillir" qui est à rapprocher du mot touareg donné par mr. Chaker "kemet" qui à la même signification.